Quand est-ce que le marteau piqueur dans mon crâne allait-il bien s'arrêter? Cela faisait plus de deux heures que j'étais levé et malgré la quantité d'aspirine que j'avais ingurgité mon mal de tête ne semblait pas s'évanouir bien au contraire... La lumière du soleil me faisait souffrir, le moindre son me faisait souffrir ainsi même que le moindre mouvement. Et cette nausée qui me prenait chaque fois que je faisais un mouvement trop brusque où que je me disais qu'il était peut-être temps de me sustenter... J'avais bu, beaucoup trop bu et maintenant j'en payait les conséquences. Amère, très amère conséquences.

J'avais passé une soirée inoubliable hier...enfin malgré les nombreuses part d'ombre du à l'abus de boisson alcoolisé, mais j'en gardais un bon souvenir en général. J'avais ce matin l'impression d'être dans un état second, une sorte de zombie qui errait dans son studio tournant en rond comme une pauvre bête en cage... Je me sentais même trop fatigué pour lire ce qui m'était jamais arrivé même lorsque j'avais eu la grippe. « Rah-rah-ah-ah-ah! Roma-Roma-ma-ah! Ga-ga-ooh-la-la!  ». Je grimaçais de douleur mais que me voulait mon maudit téléphone portable, surtout maintenant enfin, surtout aujourd'hui. Les sourcils froncés j'essayais de déchiffrer ce qu'affichait l'écran « Rendez-vous avec A. Vaughn »

- Rhaaaaaa! Lâchais-je tout en gémissant

Je me laissais tombé dans le fauteuil, j'avais complètement oublié mon entretient avec le photographe. Il devait me rendre mon lecteur MP3 et mon T-shirt et sincèrement je n'avais aucune envie de m'y rendre encore moins aujourd'hui... Mais ce n'était pas mon genre de poser un lapin, je décidais donc de me diriger vers la salle de bain. Je me douchais en vitesse et enfilais l'une de mes nouvelles tenus. Jeans bleu clair et blanc délavé ainsi qu'une chemise rouge à carreau... Je décidais d'ajouter au tout ma paire de lunette de soleil Ray-Ban wayfarer sentant mes yeux incapables d'affronter la lumière du soleil. Je comprenais maintenant pourquoi les stars sortaient ainsi même parfois en plein hiver.

Agrippant une écharpe et ma veste je quitta l'appartement à contre-cœur – tout en ayant en même temps un haut le cœur... Je ne mis guère longtemps à arriver au lieu de rendez-vous. Il était déjà là à l'une des tables.. Je me figeais un instant avant de rentrer, je ne l'avais plus revu depuis ma fuite et me sentais déjà mal à l'aise – mon mal de tête n'aidant pas. Prenant une profonde inspiration je poussais les portes à battant et me dirigeait vers lui.

- Salut... Fis-je d'une voix rauque qui ne mentait pas sur les abus de cigarette et d'alcool de la veille. Ca va? continuais-je par politesse.

Je ne savais pas trop me comporter avec le photographe, je décidais de garder mes lunettes pour ne pas avoir à affronter son regard... Je me tassais silencieusement dans ma chaise.

Le ton d'Alexander me fit sursauter et presque immédiatement baisé la tête... J'avais déjà le crâne complètement en compote et voilà qu'il se mettait à hausser le ton sur moi qui essayait tant bien que mal de comprendre la raison de cette colère. N'avait-il pas digérer le fait que je sois parti comme ça? Tel un voleur, sans un merci, un au revoir un rien du tout... Sans lui avoir donner mon corps? Non je ne pouvais pas le croire, son ton au téléphone avait été tout autre quand il m'avait appelé presque désolé pour ce qu'il s'était passé et maintenant il s'énervait sur moi...

-A ton avis, comment je vais depuis que tu as tout dis à ta bookeuse. Tu crois quoi ?!! Que ma carrière n'est rien comparé à la tienne ? Qu'en tant que photographe je ne suis qu'un simple sub-alterne ? Mais tu ne comprends vraiment rien à ce monde !! J'ai sacrifié toute ma vie pour ce métier et je ne te laisserai pas la gâcher aussi facilement ! Si je tombe, tu tomberas avec moi !!

Mais de quoi parlait-il? Tant bien que mal je tentais de mettre de l'ordre dans mes idées mais je ne semblais parvenir à rien de concret et ce marteau piqueur dans ma tête qui ne semblait pas vouloir s'arrêter. Étais-je en enfer? En tout cas si ça ne l'étais pas ça y ressemblait beaucoup... Cependant je sentais petit à petit ma mauvaise humeur matinal faire surface doublé de la frustration de ne pas comprendre ce qu'il m'arrivait.

Puis tout s'éclaira soudain, bookeuse, carrière, gâcher... J'aurais pu lâcher un « et merde » mais me retint me remémorant les paroles d'Elle quelques jours plus tôt. « Bien, tu as fait ce qu’il fallait. Je prendrais les mesures qui s'imposent. Les photographes ont parfois tendance à abuser de leur position. ». Je soupirais, elle avait visiblement prit les mesures qui s'imposent et ça n'avait pas vraiment plus au photographe qui était hors de lui. Je sentais tout les regards sur nous ce qui me rendait encore plus mal à l'aise.

-Et enlèves-moi ces lunettes quand je te parle !!
- Ouais c'est ça et après ce sera quoi le t-shirt, puis le pantalon puis direction les toilettes du bar? Merci mais non merci!

Mon ton avait été incisif et glacial alors que je me frottais les tempes les maux de tête ne voulant pas s'évanouir. Je regrettais déjà ces mots qui avaient franchis mes lèvres. Ma timidité maladive et naturelle semblait s'évanouir sous l'effet de la pression et mon système d'auto-défense c'était mit en marche, je en comptais pas me laisser insulter commeça...Surtout pas maintenant.

- Écoute... Enfin, écoutez... J'ai mal de crâne, j'ai mal aux yeux... Je retire mes lunettes si vous baissez d'un ton.

-Ok, ça marche. Et sache que tu peux me tutoyer car j'en ai pas encore finis avec toi, mon cher Lewis.

Je ne dis rien, je n'avais absolument aucune envie de le tutoyer surtout pas maintenant... J'avais déjà eu difficile lorsqu'il avait enté de me mettre à l'aise et maintenant j'avais l'impression qu'il tentait tout à fait l'inverse. Je me sentais tellement vulnérable enfoncé dans ma chaise son regard assassin dirigé vers moi et les autres habitants du café se demandant ce qu'il pouvait bien se passer. On aurait presque dit un père qui engueulait son incapable de gamin. Je sentais déjà le rouge mon monter aux joues, mélange entre gêne, colère et frustration.

Lentement mais surement je retirais mes lunettes de soleil et je sentais déjà la lumière du soleil ou des lampes du petit café agressé mes pupilles fatigués... Je m'étais amusé comme jamais surement dans toute mon existence hier soir mais maintenant j'en payais les dures conséquences, j'avais mal. Je ne m'étais en fait jamais autant sentit en vie de toute mon existence. Je sentais chaque partie de mon corps endolorie. Les yeux méprisants d'Alexandre se posèrent sur moi.

-En fait, t'as raison ... Remets tes lunettes parce que, franchement, c'est horrifiant. Et encore le mot est faible

Je frémis une nouvelle fois sous son ton qui était glacial et tranchant. De toute mon existence je ne m'étais jamais fait d'ennemis. J'avais toujours été le gentil Lewis que tout le monde appréciait et qui ne faisait de mal à personne mais depuis que j'étais entrain dans le monde la mode il semblait que les choses avaient changé et la sympathie n'était pas toujours au rendez-vous comme maintenant avec Alexander face à moi. Sans me faire plus prier je remettais mes lunettes mettant fin à mon calvaire, je n'allais pas affronter la lumière pour le plaisir d'en plus me faire critiquer.

-Rien pour lui, merci.

Je n'avais même pas eu le temps de dire quoi que ce soit à la serveuse qui me lança un regard inquiet que je ne lui rendis pas beaucoup trop gêné. Je me sentais me tasser de plus en plus dans ma chaise.

- Je ne voulais pas que ça dégénère comme ça... Murmurais-je à l'adresse d'Alexander. Je me sentais vraiment mal à l'aise par rapport à la situation je n'avais pas voulu atteindre à sa carrière mais maintenant je n'avais plus le choix. M'agresser comme ça ne résoudra rien... au contraire.

Je me mis à nouveau à frotter mes tempes endolories.

-Je le sais très bien ... Mais ça soulage !

Je frémissais une nouvelle fois sous le ton de sa voix et même aux travers de mes lunettes tintées je n'osais pas croiser son regard de glace. J'avais les joues littéralement en feu et le sentiment de mal à aise ne semblait pas désemplir bien au contraire. Petit à petit la nausée du réveil semblait refaire surface et je tentais de contrôler les accès de bile... Il garda le silence un instant une fois que son café fut servit. J'avais envie de partir, de m'enfuir et de ne plus jamais avoir à le revoir mais j'étais littéralement collé au siège qui lui faisait face et lui n'en avait tout simplement pas fini avec moi.

-Et dire que je t'ai aidé ... J'en reviens pas. Je suis vraiment con. Jusqu'à ce matin, je n'avais rien contre toi. Je t'ai pistonné pour que tu deviennes l'égérie de mon meilleur ami. Putain, si j'avais su ... Jamais je ne l'aurais fait. La malchance des uns fait le bonheur des autres. Toi au moins, tu as vite compris les ficelles du métier. Je dois te reconnaître cette qualité car c'est bien la seule que j'arrive à percevoir en ce moment chez toi, Lewis.

Tout un flot d'information que j'essayais de comprendre par tout les moyens. Il m'avait aidé? Où? Comment et pourquoi? Son meilleur ami? Qui étais-ce? J'étais perdu j'étais devenu l'égérie de quelqu'un que je ne connaissais ni d'Ève ni d'Adam et ce grâce à Alexandre qui apparemment regrettait amèrement son acte. Mais la fin de sa réplique fut la partie qui me blessa le plus. Il me décrivait comme l'opposé de la personne que je voulais être... Je n'avais jamais eu l'intention de l'écrasé, de tenter de monter en marchant sur les autres. C'était tout sauf moi et pourtant c'était l'image qu'il avait de ma personne.

Mes lèvres étaient toujours scellé, je ne savais trop que dire. Je me contentais d'encaisser chaque mot cassant qui quittait ses lèvres presque sans réagir... mes poings étaient serrés mais je n'arrivais pas à lui répondre quoi que ce soit, je ne m'en sentais tout simplement pas capable.

-Au départ, j'avais prévu ce rendez-vous pour m'excuser de mon comportement lors de notre shoot. Pfff ... Maintenant, je n'ai plus besoin de le faire. Je t'en remercie car grâce à toi, je vais peut-être bientôt finir chômeur.

J'avais vraiment l'impression de passer pour la pire des personnes chaque fois qu'il ouvrait la bouche. Étais-ce vraiment ce que j'étais devenu? Le métier de mannequin m'avait peut-être plus changer que je ne l'aurais, peut-être étais-je entrain de devenir cette personne immonde qu'il décrivait. Celui qui avait tout fait pour détruire sa carrière... Non je ne voulais vraiment pas devenir cette personne ce serait pour moi pire que tout. Je sentais l'engourdissement gagner mes paupières et le contours de mes yeux, sensation typique des larmes qui montaient aux yeux, et j'avais beau serrer la mâchoire et les poings autant que je voulais je n'avais pas la force de lutter.

- J... je ne voulais p-pas... Bredouillais-je avant de sentir une goutte puis une autre couler le long de ma joue, d'un geste de main je rattrapais les dégâts j'espérais avant qu'Alexander ne le voit.

Si il y avait bien une chose dont je n'avais pas envie – et que je ne méritais pas pour le moment – c'était sa pitié. J'avais apparemment ruiné sa carrière... Je m'en voulais surement autant que lui m'en voulait. Ma gorge était noyé et j'avalais difficilement ma salive.

-J..j'ai eu peur..J-J-Je n'avais ja...jamais... on ne m'avais jamais...

J'essayais de trouver mes mots mais je m'avérais plus pitoyable qu'autre chose.

Je sentais mes yeux encore et toujours gonflés de larmes et je tentais de toutes mes forces de contenir le flot qui voulait se déverser. J'étais déjà en position d'infériorité vis-à-vis du photographe énervé je ne voulais pas commencé à me transformer en loque humain aux airs de veau entrain de se déverser pitoyablement sur la table. Je luttais donc de toutes mes forces, laissant tout de même quelques perles coulées que je rattrapais presque aussitôt. Je n'avais pas du tout l'habitude de me faire traiter de la sorte et ça se voyait dans mon attitude. Je n'avais aucune idée de ce que je devais faire apaiser la situation.

-Non, mais tu te prends pour qui ?! Tu devais bien te douter de la suite des évènements ? Je t'ai touché et caressé le bras. Tu n'as pas réagis. Je me suis collé à toi. Tu es resté neutre. Tu voulais que j'en conclu quoi ?! Que tu voulais faire du tricot ?!!

Je me figeais dans ma chaise... C'était donc ça tout ces gestes? Des invitations à quelque chose? Et moi naïf que j'étais je n'avais absolument rien vu venir... Je l'avais – sans le faire exprès – emmené dans une direction qui lui indiquait qu'il pouvait m'embrasser. Si j'avais pu le faire

-Putain, tu veux dire que je suis le premier à t'avoir fait ... ça. Franchement, si tu me dis maintenant que t'es vierge, je crois que je pourrais pas me retenir de rire. C'est quand même assez comique comme situation ?

Une nouvelle fois je frémissais dans ma chaise relevant enfin mes yeux embués vers lui... Je ne savais plus si je devais lui dire la vérité ou simplement me contenter de me taire.

- Je suis vierge...soufflais-je

Le son de ma voix n'avait été qu'un murmure et je n'avais pas oser croiser le regard d'Alexandre pour voir sa réaction. Voilà que j'étais entrain de me dévoiler à une personne qui était tout bonnement entrain de m'humilier... Je devais vraiment avoir un sérieux problèmes. Je sursautais quand soudain une nouvelle fois que je n'avais jamais entendu répondit à la place du photographe.

-ALEEEEEEEEX !!!! Tu m’as manquééééééééé

Par réflexe je relevais les yeux vers la voix et son interlocuteur. Un grand brun au cheveux long enlaçait Alexander qui étrangement souriait. L'espace d'un instant toute la colère semblait s'être évanouie de son visage... S'agissait-il d'un ami à lui? Peut-être son petit ami. J'étais complètement confus et je passais encore une fois précipitamment ma main sur mes joues pour retenir le dernier flot de larme, tentant de reprendre le dessus sur moi même. Les sanglots s'étaient tout à fait effacer maintenant.

- Lewis je présume ? Je suis Arsène, Arsène Rhapsody, mais tu dois déjà le savoir.

Je fronçais les sourcils... Comment connaissait-il mon nom? Mon regard oscilla alors entre Alexander – qui avait retrouvé son air énervé – et Arsène qui me souriait de plus belle. Je ne comprenais plus rien. Toujours caché derrière mes lunettes je murmurais.

- Non désolé...

Je me sentais mal à l'aise, voilà maintenant qu'Alexander avait le plaisir de pouvoir m'humilier devant un parfait inconnu que je devais connaitre.