Liste des participants et ordre de passage (à respecter) :
Lune P. Agatha
Lucjan W. Janowczyk
Elle Adelvade
Valentin Parvis

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Au niveau du contexte, celui-ci se situe 4h avant le show, vous avez été appelé pour que l'on vous coiffe, vous maquille et vous habille. Alors bien sûr, vous avez du temps pour parler entre vous.

Bon jeu !

Se lever, se préparer. Je n’avais qu’une hâte au matin de mon défilé pour Burberry, me retrouver dans le backstage, prêt à fouler le podium. J’avais appris deux jours plus tôt que Lucjan serait mon compère de défilé. Ce que j’appréciai fortement, ensemble nous faisions un très bon travail, une très belle paire. Je n’étais pas du genre pressé, ou en fait si, mais j’avais une envie chronique à la limite du besoin vital, de savoir ce que j’allais porter. Les fringues de la maison anglaise étaient parmi mes vêtements préférés, d’un chic inégalable avec un manteau Burberry sur le dos, en société vous étiez sur de ne pas faire de faux pas. Je le savais. 7h10. Je serais légèrement en avance, pas trop pour ne pas paraître suspect ni trop en retard pour ne pas paraître contre-professionnel. Mon téléphone sonna, je le laissais vibrer, mais la sonnerie se faisait oppressante aussi je décrochais.


Mère » Lune ! Enfin je te joins.
Lune » En parlant de joint…
Mère » Arrête avec ton numéro. Je suis à Milan, pour qui défiles-tu ?
Lune » Varvatos et Missoni.
Mère » Très bien je vais m’arranger pour assister à leurs défilés.
Lune » N’y vas pas. Tu t’amuseras plus, à Rhapsody et Burberry.
Mère » Rhapsody ? Comme ton ancien… ?
Lune » Oui. Comme lui.
Mère » Très bien, j’irais à Burberry.
Lune » On se voit là bas.


Je raccrochai vivement mon téléphone portable. Pourquoi m’avait-elle appelé ? Elle savait très bien que je ne lui avais pas pardonné de m’envoyer paître à Paris. Rompant par là ma relation avec Arsène. D’ailleurs, le défilé pour lui serait demain, j’angoissais à l’idée même de le retrouver. C’était demain, je plaçais mon inconvenance à l’idée de sa proximité dans un coin reculé de mon âme. Aujourd’hui était le plus important.

Je toquai à la porte de Lucjan, il avait une chambre à côté de la mienne, une fois qu’il m’eut ouvert et que nous nous soyons fait la bise nous partîmes. Burberry nous ouvrait ses portes, nous avions tous les deux conscience du changement que ce défilé pouvait apporter à notre carrière, nous serions vus défilant dans les vêtements d’une des plus grandes maisons du monde. C’était ça le bonheur de mon métier. En parallèle j’avais dû faire péter une semaine de cours à La Sorbonne pour ça, mais mes profs avaient accepté, deux d’entre eux du moins, de m’envoyer le cours par e-mail.

Nous arrivions dans les backstages. Burberry, la maison anglaise, ici ma langue maternelle était totalement admise, je me prenais donc à parler chiffon avec une assistante qui me faisait clairement du rentre-dedans, tout en discrétion et en classe cependant. Après tout c’était une des assistantes de la plus grande maison anglaise, elle devait être irréprochable dans quoi qu’elle fasse. On me fit passer au maquillage, depuis notre arrivée j’étais resté à côté de Lucjan, lui faisant la conversation par bride.

Le maquilleur, car c’était un homme aujourd’hui, se présenta à moi et je m’endormis presque sous la légèreté de son coup de main, il tapotait sur mon visage comme sur de la porcelaine, je frissonnai par moments. Puis la coiffure fut à corriger et je passais entre les mains d’une sorte de folle furieuse, dont j’étais le premier mannequin ce jour là et qui s’exprimait en terme telle que « coiffe graaaaandiloquante » ou « tu seras le dieu du sexe à pile mon chou » je me demandai si elle faisait la différence entre sex-appeal et sexe à pile… Si elle était toujours aussi outrageusement agressive elle devait en avoir grand besoin…

« Mh ~ »

Mon réveil sonna, et je tapotai sur la table de nuit distraitement, étant complètement à côté de la place le matin, avant de trouver enfin mon portable pour éteindre enfin l'alarme qui me tuait les oreilles et regardai l'heure. Merde ! 6H45, déjà ? Je n'avais pas du entendre la première sonnerie, foutu décalage horaire... Je sortis rapidement de mes draps, m'emmêlant les pieds et le corps dedans, fichus lits bordés d'hôtels... J'étais d'extrêmement mauvaise humeur, ne supportant pas un instant d'être en retard, et j'espérais que je pourrais arriver souriant en backstage de Burberry, j'allais pas faire le ronchon toute la journée... D'autant plus qu'il y aurait des mannequins d'autres agences, et certains d'entre eux, rares, étaient polonais, et j'allais enfin pouvoir parler ma langue natale. Ca me reposerait les méninges... Non pas que je n'aimais ni le français ni l'anglais, mais ça me demandait un minimum de réflexion, et c'était fatiguant, à la longue. Je me douchai rapidement, me préparai à la même vitesse, et lorsque, vingt-cinq minutes plus tard, j'entendis Lune frapper à ma porte, je me dépêchai d'attraper mon sac à dos, un gros manteau et une écharpe... C'était pas pour dire, mais il faisait plus humide qu'à Paris et plus froid, ces temps-ci ! J'ouvris ma porte de chambre et en sortit, prenant mon colocataire anglais à moitié dans mes bras alors que je le saluai.

« Putain de décalage horaire, j'ai failli être bien à la bourre... »

Nous descendîmes dans la rue et partîmes à pied dans le garage entièrement réaménagé qui servait de lieu pour les défilés de la maison, et qui était situé non loin de notre hôtel. Nous parlâmes de choses et d'autres, et cinq minutes plus tard, le sourire m'était revenu. Nous entrâmes en backstage, et je saluai les personnes qui s'y trouvaient d'un « bonjour » timide et encore endormi. Je suivis Lune, qui se mit à parler avec une assistante qui le draguait, d'après ce que je pouvais lire dans les sourires qu'elle lançait à mon colocataire. L'anglais passa au maquillage alors que je me dirigeai vers les stands du fond. Je n'avais pas mangé, et pour ainsi dire, j'avais faim. Et soif, aussi. J'ai attrapé quelques pains au chocolat et ai croqué dans l'un d'entre eux. Puis d'autres models sont arrivés, et j'ai commencé à parler avec l'un dans eux, un polonais. Autrement dit, on se comprenait parfaitement. Des photographes sont arrivés (j'ai jamais compris l'intérêt de nous prendre en photo en backstage à 7h30 du mat', pas réveillés, pas coiffés...), ont commencé à shooter dans tous les sens, et alors que je croquais dans un autre pain au chocolat, je vis Valentin, et faillis m'étrangler. Je n'avais pas eu de nouvelles depuis deux semaines, depuis notre « engueulade », en fait. Dispute justifiée, d'ailleurs, et totalement légitime. Mon petit-ami avait eu totalement raison de me hurler dessus, je lui avais menti... Bien trop longtemps. Et il allait sans dire que je regrettai. Je plantai là le photographe et mon compère polonais, puis me décidai à prendre mon courage à deux mains pour aller lui parler. Il suivait une bookeuse du nom d'Elle Adelvade. Je savais que c'était l'agente de Lewis, et je l'avais croisée plusieurs fois aux soirées Caranston... Sans compter le fait qu'elle avait été une mannequin assez renommée, aussi. Je m'approchai d'eux, et attrapai mon petit-ami par le bras :

« Valentin... »

Je n'avais pas eu de nouvelles depuis notre altercation, donc, et je lui avais envoyé quelques sms lui disant que j'étais désolé, sans grande réponse. Autrement dit, je le sentais super mal, mais j'espérais qu'il avait pris du temps pour y réfléchir et qu'il pourrait me pardonner. Je le connaissais, je savais qu'il était déçu de moi, impulsif et relativement colérique, mais il ne pouvait pas mettre derrière lui tous les excellents moments que nous avions passés ensemble juste parce que j'avais fait une énorme boulette en ne lui disant pas être mannequin... Après tout, ce n'était pas si dramatique d'être model, si ?!

« Je suis désolé, encore une fois... On peut parler un moment ? Seul à seul ? »