Mon insertion dans le monde de la mode ne fut guère aussi aisée que je l'avais imaginée... La plus part des gens que je rencontrais ne me ressemblait pas du tout. Je connaissais rien du millieu et le millieu ne connaissait rien de moi, je n'étais encore qu'un numéro qui devait enchaîné les castings à longueur de journée. Se présenter encore et encore à des gens qui de toutes manières ne se souviendrais plus de mon nom une fois la porte passée, faire des polaroides encore et encore. C'était dur, beaucoup plus dur que je ne l'avais cru mais j'étais loin d'abandonner, pour une fois dans ma vie je me levais le matin avec de nombreux défis à relever. Comme ce matin là...

7 heures du matin et je ne trouvais plus le sommeil. Mes colocataires absent pour un shooting ou l'autre j'en profitais pour déballer toutes mes affaires que j'étalais sur mon lit. Rien de ce que j'avais ne ressemblait à ce qu'on me faisait essayer durant les castings, rien de ce que j'avais ne s'accordait... Comment n'avais pas pu le remarquer avant. Je soupirai en proie à une réelle crise, je n'allais pas y arriver... Par réflexe je composais le numéro de mon meilleur ami, j'avais besoin de lui maintenant, besoin de l'entendre dire «  je te l'avais bien dit ce monde n'est pas fait pour toi », car même si il ne s'en doutait pas ces phrases me motivaient d'autant plus. Cinq sonnerie, aucune réponse.

Je balançais mon portable sur mon lit tout en mordant la lèvre inférieur et passant frénétiquement une main dans les cheveux. N'hésitant qu'une seconde j'enfilais un t-shirt blanc et l'un de mes jeans les plus classiques, en moins d'une minute j'étais dehors à courir vers l'appartement de mon ami. Heureusement pour moi, il n'habitait qu'à quelques patés de maison... Je montais les escaliers à la volée et ouvrait la porte le découvrant dans son lit comme un bambin.

-Valentiiiiin.
- Hmmm.
- Valentin, debout !

Sans hésiter une seconde plus je lui arrachais sa couverture le découvrant totalement. J'avais les membres geler par le froid hivernale simplement vêtu de mon pauvre t-shirt. Je soupirais le laissant vociferer un instant puis lui coupait la route alors qu'il se rendait vers sa petite cuisine.

- J'ai rien à me mettre...

Je soupirais, il devait maintenant me prendre pour le dernier des abrutis. Jamais de ma vie je n'aurais cru entendre ces mots sortir de ma bouche, moi, Lewis l'intello de service.

- Je suis sérieux Val' j'ai rien à me mettre, je suis un tocard! Mais comment j'ai pu être aussi con. C'est pas avec ma vieille paire de converse que je vais impressionner quelqu'un!

Lui saissisant le bras je le forçais à se diriger vers la salle de bain.

- Va t'habiller! Toi, moi, les magasins ! Maintenant! Je ne peux pas échouer!

- C'est eux qui t'ont mit ces idées dans la tête que ton style vestimentaire habituel n'était pas assez bien ?

Je levais les yeux au ciel en entendant la réplique de mon meilleur ami que je ne relevais même pas. Je connaissais très bien – voir par coeur – le regard qu'il avait sur la profession et il n'était pas des plus positifs c'était clair. Combien de fois ne m'avait-il pas prévenu que je faisais une erreur? Que ce monde n'était pas pour moi? Des centaines, peut-être des milliers, je me demandais sincérement comment il n'avait pas encore perdu espoir... Peut-être parce qu'il était aussi têtu que moi.

Je l'observais d'un regard distrait se déshabiller et se glisser sous la douche, je grelottais littéralement de froid et décidais de saisir la tasse qu'il s'était fait quelques minutes plutôt. Mais avant ça j'enfilais l'un de ses pulls à capuche qu'il avait laisser traîner dans un coin de l'appartement, je flottais un peu dedans mais il me tiendrais chaud c'était l'important... Du moins c'est ce que je pensais des vêtements jusqu'à ce qu'il y a peu de temps... Tant qu'il me tiens chaud, c'est bon... Mais depuis que j'étais entrain de l'industrie j'avais appris qu'un vêtement était beaucoup plus qu'un « carré de tissus qui tient chaud »...

Revenant vers la salle de bain je lui lançais d'un ton très serieux.

- Arrête de parler d'eux comme s'ils étaient l'incarnation du diable... J'ai besoin de faire les magasins parce que je n'ai plus rien de convenable à me mettre. Et toi espèce d'ami indigne je me demande comment tu as pu me laisser m'habiller comme ça pendant des années. Allez dépeche toi! C'est pas comme si on avait rencard!

Je pouffais avant de me laisser tomber dans son seul et unique canapé, je me mit alors à feuilleter le seul et unique bouquin sous ma main « le droit comme idéologie »... Hum... ça ferait l'affaire. Je commençais à parcourir les lignes et entrait en « transe » comme chaque fois que je commençais à lire, tout disparaissait il n'y avait plus que les mots et moi.

J'étais profondement plongé dans la lecture de l'un des livres de cours du brun, je me perdais dans l'introduction à des notions que je ne connaissais absolument pas, mais mon esprit semblait tout de même assimiler tout les mots, les uns après les autres même si ils étaient pour moi tout simplement dénué de sens. Je tentais même de déchiffrer les notes qu'avait ajouté Valentin mais sans réel succès, il faudrait qu'il réapprênent à écrire.

- Franchement je ne suis pas sûr que tu comprennes un mot de ce qu'il y a dans ce bouquin !
- C'est clair que tes notes illisibles n'aident pas!

Je pouffais comme d'habitude mon franc parler avait agis, je me logeais alors de nouveau dans mon mutisme les yeux rivés sur les mots qui se suivaient et ne ressemblaient... Finalement la voix de mon ami me sortit une nouvelle fois de ma torpeur éveillée. Je n'en entendit que des brides, mais suffisemment pour voir où le il voulait en venir.

- Bah bien sur puis tant qu'on y est on va aller m'acheter des pulls chez carrefour?

Mon ton était bien sur ironique, je me levais et m'approchait de lui plongeant mon regard azure dans le siens.

- Valentin Parvis, je suis un mannequin maintenant, je dois m'habiller comme tel, vivre comme tel. C'est l'expérience la plus incroyable de ma vie et je te laisserai pas la gâcher avec ton cynisme à deux euros. Donc oui on ira chez Armani, Prada ou Hugo que tu le veuilles ou non.

Mon ton n'était pas du tout menaçant, on pouvait même y entendre une plainte.

- T'es mon meilleur ami merde, t'es pas censé me soutenir et sauter partout quand je te dis qu'on va faire les magasins comme dans Gossip Girl?

Oui je lisais vraiment tout... Tout et n'importe quoi, je riais doucement à ma référence espérant que le rire de Valentin se joindrait au mien.

Lorsque son rire se joignit au mien, un large sourire s'étendit sur mon visage alors que je continuais de me moquer de ma bêtise. J'étais toujours face lui et surtout pas près à lâcher l'affaire, j'avais besoin de vêtement s'en était presque vitale... Je soufflais en pensait à la personne que j'étais entrain de devenir mais ça faisait partie du jeu auquel je me prêtais volontier. Je prenais le métier dans tout ses aspects, pour rien au monde je ne retournerais dans les auditoires remplis de monde tout ça pour devenir quoi? Chirurgien? Passer mon temps des les entrailles des gens... Non merci... Désolé maman.

- Booooon, d'accord. MAIS !

Je sautillais déjà dans tout les sens en voyant qu'il venait d'accepter, une lueur enfantine se mettant à briller dans mon regard. Il ne pouvait jamais me dire non le pauvre, je l'avais – sans même le savoir – complêtement à ma merci.

- Si je vois un truc qui me plait dans un de tes magasins, tu me paies la moitié okay ?
- Tout ce que tu voudras! Confirmais-je avant de me jeter dans ses bras.

Je ne fis cependant pas duré l'étreinte celui-ci étant encore légèrement humide ce n'était pas des plus agréables à vrai dire. Je lui fit mon plus large sourire en signe de remerciement, sans lui je n'étais rien. L'argent n'avait jamais été un problème pour moi, ou pour lui ou pour notre famille je n'aurais donc aucune rancoeur à l'idée de lui faire plaisir.

- Et aide-moi à m'habiller. Si je dois faire du shopping dans des magasins dans le genre, je veux éviter d'avoir l'air d'un plouque. Etp uis c'est mieux pour ta réputation... On a vu : L. faire du shopping son clochard de meilleur ami. C'est une honte pour le monde du mannequinat !
- Oh oui non ce serait la honte sur moi et surement la fin de ma carrière! Déclarais-je tout en levant les yeux au ciel. T'as de la chance tu seras mon ami non-identifié la classe quand même!

Je lui fis une légère tappe sur l'épaule avant de me diriger vers sa penderie que j'ouvrais. Je pris pendant trois seconde un air pensif avant de me mettre à balancer ses vêtements les uns après les autres en murmurant des « non, non et non ». Je me tournais finalement vers lui affichant une mine complêtement dépitée.

- Mais t'as rien à te mettre toi non plus!

Je hochais négativement la tête avant de continuer la recherche... J'optais finalement pour un jeans bleu très foncé, et une chemise blanche et un pull coll en V noir. Autant faire dans la sobrieté.

- Voilà! Maintenant dépêche toi! Pronto Pronto! Fis-je en imitant un agent que j'avais remarqué lors d'un shooting.

Sans demander l'autorisation de Valentin, je décidais de choisir un pull plus adéquat pour moi, entièrement blanc, je jettais ensuite le survet dans un coin.