Ce matin là, je profitais du fait que je n'avais aucune obligation pour faire la grasse matinée... Maintenant que j'avais décidé de ne plus me rendre aux cours afin de me consacrer à cette nouvelle carrière qui s'offrait à moi j'avais énormément de temps libre et c'était le moins qu'on puisse dire. Heureusement pour moi, je n'avais pas une seconde pour m'ennuyer grâce à mes meilleurs amis ; les bouquins. La veille j'avais littéralement dévalisé la bibliothèque la plus proche ma soif de lecture jamais rassasiée.

Je passais donc le plus clair de ma matinée et de mon après-midi à lire encore et toujours, je jonglais entre les différents ouvrages pour ne pas trop me lasser, je prenais des notes parfois, je m'arrêtais restait pensif. Le monde autour de moi avait complètement disparu remplacé par celui fictif créer par mes auteurs favoris. Ce fut mon téléphone portable qui me ramena à la réalité lorsque la sonnerie de rappelle retenti , il était 19h30...

- Quoi? Déjà?

Le temps avait filé sans même que je ne m'en rende compte... Je me préparais donc en vitesse pour mon rendez-vous à l'agence ce soir là. En sortant de l'appartement, la vitrine d'un libraire attira mon attention... La grande partie de son stock était composée de magazine de mode, intrigué je choisis d'entrer. Mes yeux voguèrent entre les rayons avant d'arriver à celui désirer. Vogue, Elle, V, Bazaar... Je n'y connaissais strictement rien... Dans le but de me cultiver je saisit celui qui portait le nom « Vogue Homme ».

Tout le long du trajet je me perdis dans la contemplation des pages de papiers glacés, les photos étaient toutes plus époustouflantes les unes que les autres. J'observai avec attention les expressions faciales et corporels des différents modèles dans le but surement de pouvoir les reproduire plus tard. J'entrai dans un monde dont je ne connaissais strictement rien. Finalement, j'arrivais à l'agence avec une dizaine de minute d'avance. Il n'y avait plus beaucoup de monde à cette heure-ci et après m'être annoncé la demoiselle de l'accueil m'invita à attendre dans le bureau de Madame Adelvade. Sans un mot donc je m'y rendis...

Curieux de nature au lieu de directement m'assoir je laissais mes yeux voguer dans la pièce afin d'en apprendre peut-être plus sur celle qui m'avait découvert... Alors que sans faire exprès je pressais l'interrupteur qui éteignit la lumière, elle entra dans la pièce. Ma présence du la surprendre vu son expression et son cri... Mais au lieux de me confondre en excuse je préférais ne rien dire. Elle m'invita à m'assoir et je la suivit.

- Bien, je suis ravie de voir que vous êtes venu, j’espère que vous n’avez pas attendu trop longtemps … Je sais qu’on a parlé au téléphone. Aujourd’hui j’aimerai m’occuper des photos et de vous mettre sous contrat avec l’agence. Des questions ?

J'ouvrais la bouche un instant puis la refermait sans qu'un mot ne puisse sortir.

- Je n'y connais rien du tout. Avouais-je finalement en brandissant le magazine que j'avais acheté quelques minutes plus tôt. Comment ça va se passer? Qu'est-ce qu'on attend de moi? ...

Et dès questions comme ça j'en avais plein la tête, mais je ne désirais pas la noyé sous le flot de mes esprits parfois tordus. Je me contentais dès lors d'observer son visage en attendant sa réponse, elle était très belle et avait sans doute été mannequin elle aussi, j'en étais presque sur mais n'osait pas encore le formuler à voix haute.

Je ne savais pas vraiment comment cernés celle qui m'avait découvert, une sorte d'aura de mystère entourait ça personne ce qui me rendait de nature encore plus curieuse qu'à l'habitude. Son regard perçant, son ton sure d'elle, c'était sur qu'elle était intimidante mais cette fois mon besoin de savoir avait prit le pas sur ma timidité. Je l'observais donc dans le blanc des yeux me décrire le monde dans lequel je m'apprêtais à me lancer la tête la première.

Je fus heureux de remarquer qu'elle ne me balançait pas au visage les clichés, en me promettant d'être la star de demain à la une de tout les magazines. Le métier semblait dur, et demander du travail, un large sourire se dessina sur mon visage. C'était l'une des raisons principales pour lesquels j'avais finalement choisir d'être mannequin. J'avais toujours eu tout trop facilement dans mon existence, à la fac de médecine je m'ennuyais comme un rat mort, tout me semblait trop banale facile... Le métier de modèle m'offrait tellement d'autres opportunités. Être mannequin ça ne s'apprenait pas dans la livre, ça ne se mémorisait pas à coup de formule simple, ça se sentait. Un tout autre monde s'offrait à moi, celui du subjectif.

- Merci.

Me contentais-je de répondre une fois qu'elle eue finit les mots « porte-manteau humain », « difficile » ou encore « toujours plus » résonnaient encore dans mon esprit alors que je reportais mon regard sur elle.

- So ? Other questions ?
- Nope... Répondis-je.

Elle était donc anglophone? J'avais pu le remarquer à son accent mais je n'osais pas poser la question son regard me l'interdisait visiblement. Gêné, je détournais les yeux pour me concentrer sur mes mains que j'avais logé entre mes cuisses, attendant la suite des évènements.

Il était clairement visible dans mon attitude que je commençais à être gêné par la jeune femme... Jeune femme? Je ne savais même pas quel âge elle avait, ce qu'elle faisait vraiment, d'où elle venait... Tout ce que je connaissais c'était son nom ; Elle Adelvade . Un prénom avec une consonnance clairement anglophone mais elle restait tout de même un mystère. Et personnellement je n'aimait pas vraiment les mystères mais je me gardais bien sur de le dire sentant son regard poser sur moi. Que devais-je faire? Qu'est-ce que quelqu'un de normale – de non handicapé sociale – faisait dans ses moments là? Sourire? J'essayais mais mes lèvres ne semblaient pas vouloir suivre le mouvement.

- Je le sens pas, là. Tu fais une tête bizarre. Vas y : je te garanti que c'est vraiment la seule occasion que tu auras de poser tes questions. Au pire tu passeras pour un abruti ce soir, demain j'aurai oublié.

Son doigt presque accusateur pointé sur moi me fit sursauté, j'avais beau tenté de me délier la langue aucun mot ne semblait vouloir sortir. Dans quel pétrain m'étais-je fourré? Heureusement pour moi à partir de maintenant je n'étais plus qu'un porte-manteau humain... Plus besoin de parler à outrance, de faire connaissance où quoi que ce soit. Sois beau et tais toi... Voyant que ma bouche ne s'ouvrait toujours pas elle me tendit finalement sa carte avec son numéro de téléphone. Je lisais mentalement les chiffres à plusieurs reprises, mémorisait le moindre élément de la carte, ça servait d'avoir une mémoire d'éléphant.

Je relevais finalement les yeux, elle avait sortit un ensemble de papier, mon contract surement... Mon regard oscilla entre elle et l'énorme agenda à ses côtés. Une question me brûlait les lèvres depuis qu'elle m'avait accosté dans un café un peu plus tôt, le lendemain de mon anniversaire exactement. Je m'éclaircis alors la gorge.

- P...P... Géniale , voilà que je me mettais à bégueiller, je devais avoir l'air d'un parfait idiot et je me demandais pourquoi elle ne m'avait pas déjà mit à la porte... Prenant une grand inspiration je lançais finalement ma question. Pourquoi moi?

Une fois libéré de mon fardeau, je détournais le regard ne voulant pas une nouvelle fois affronté le sien. Que pourais-je y lire? De la surprise... de l'incompréhension peut-être ou encore de la colère. Je n'avais pas vraiment envie de savoir... Je regrettais déjà d'avoir posé la question.

- Si tu veux bien, on va finir les formalités et je te répondrais après.

Je ne pus retenir une légère moue quand je remarquais qu'Elle éludait d'une certaine manière la question qui me taraudait l'esprit. Je choisis de ne pas insister, elle m'intimidais trop de toutes manières pour ça. La réponse de toutes façons ne m'aurait pas avancé à grande chose, aurait-elle fait de moi un meilleure mannequin? Sûrement que non mais ma curiosité naturelle avait repris le dessus... Peut-être devrais-je arrêté de lire les auteurs existentialistes histoire de ne pas ennuyer à nouveau mon agent avec des questions sans raisons apparente... Je le retiendrais pour la prochaine.

Fébrilement je saisissais le contrat qu'elle me tendait. Je parcourus les premières lignes assez rapidement, en gros, je vendais mon corps, mon image, ma vie et peut-être même mon âme à la CMA pour une durée minimum de trois ans. J'aurais aimé à cet instant avoir à mes côtés mon meilleur ami Valentin – étudiant en droit – surement aurait-il pu trouver les failles où les magouilles dans lesquels je m'engageais mais hélas je me retrouvais ici seul avec moi même – enfin presque. Prenant une grande inspiration j'appliquais finalement ma signature soignée au bas de la feuille là où elle me l'avait indiqué.

J'appartenais maintenant à la Caranston Models Agency...

Intrigué, je l'observais – alors que je redeposais la feuille et le stylo sur le bureau – se diriger vers une armoire qui se trouvais dans son dos. Le meuble semblait être remplit presque à son comble, je peux entr'apercevoir des vêtements – surement de grands couturiers – ainsi que des magazines dont je n'arrivais pas à voir le nom... Surement étais-ce ceux de ces autres mannequins dont elle devait s'occuper. Après quelques secondes elle sortit un polaroid afin de surement illustrer le contrat.

Dos contre le mur, je lui fit face. « Pas de sourire sauf quand on te le demande », premier fait que j'avais appris, je restais donc stoïque les yeux droit dans l'objectif. Flash... La photo sortit et elle y inscrivit mon nom avant de l'aggraffer à mon contrat. Une fois le tout réglé elle m'indiqua la sortie et m'accompagna. Une fois à l'extérieur de son bureau je lui fit face fronçant légèrement les sourcils pensifs...

- Bon d'accord ma question était débile... Je soufflais , un léger sourire se traçant sur mes lèvres. ] J'en ai d'autre... Je commence quand? Par quoi? Et comment?

Je détournais ensuite mon regard, elle devait déjà en avoir marre de mes questions. Mais mon ton était beaucoup plus sur maintenant, j'avais hâte de commencer.

Finalement, même si je ne l'attendais plus, la réponse à ma question vint. J'écoutais attentivement, curieux je me demandais comment elle faisait pour reconnaitre ce qui faisait ressortir les gens du lots. Elle devait faire partie de ces gens qu'on appellait « physionomiste », et visiblement j'avais une physionomie qui pourrait plaire dans la monde de la mode. Sa réponse me satisfit, du moins en partie... Car je savais que jamais je ne saurai comprendre le pourquoi du comment. Je la suivais entre les dédales de l'agence afin de nous diriger vers la sortie. Les bureaux étaient déjà vide, nous devions donc être les derniers à quitter les lieux – où du moins parmis les deniers.

Une fois dehors la morsure du froid me fit légèrement frisonner, mais je me remémorais aussitôt les propos d'Elle quelques minutes plutôt, je devais maintenant apprendre à ne plus être trop influencé par ce genre de chose – ou du moins que ça ne se lise pas sur mon visage. Je croisais les bras tout en refusant les cigarettes qu'elle me tendait.

- Non merci. Murmurais-je tout en faisant un sourire désolé.

Je ne fumais pas, n'avait jamais fumé et n'avais jamais même essayé... Je n'éprouvais pas et ne comprenais pas le besoin de nicotine... C'était comme pour l'alcool, mon taux d'alcolémie annuel se résumait tout simplement aux deux verres de champagne à Noël et au nouvel an , rien de bien excessif donc. Je connaissais toutes les rumeurs qu'on lançait sur le milieu dans lequel je m'appretais à entré mais je n'y prêtais guère attention.

J'écoutais attentivement les instructions qu'elle me donna, mémorisant le moindre élément instantanement. Bien sur je n'avais jamais entendu parler de ce Vaughn et n'avait aucune idée de qui il pouvait bien s'agir mais je m'y rendrais si jamais j'en avais l'obligation. Lorsqu'elle eut fini, elle me demanda si sa présence était nécessaire le lendemain.

- Hum... Non je pense que ça ira, merci beaucoup. Merci pour tout.

Je n'avais pas envie d'être un poids pour la jeune femme, j'avais déjà assez l'impression de l'ennuyer avec toutes mes questions. Si tout les models qu'elle découvrait était comme moins je la plaignait. Je croisais son regard et sourit discrètement.

HJ : bah on dirait à moins que tu aies une idée (a)

Je sentis l'étrange odeur de fumé échappé par la cigarette et les lèvres d'Elle m'envahir... Je ne fréquentais pas les gens qui fumaient, et ceux dont s'était le cas s'abstenait la plus part du temps en ma présence. L'odeur était étrange mais pas désagréable non plus mais je ne voyais toujours pas l'utilité d'aspirer de la fumée pour ensuite la recracher. Ça faisait partie des nombreux mystères de la vie... Je l'observais écraser sa « clope » sur sa ballerine avant de finalement parler à nouveau.

Je souris en l'entendant me proposer une invitation. Je ne sortais pas souvent... Non rectification je ne sortais jamais, mais j'étais près à saisir l'opportunité qu'elle me tendait, je n'étais de toutes façons pas en position de refusé pareil privilège pour un mannequin novice que j'étais. Peut-être rencontrerais-je des gens qui pourraient booster ma carrière après, je n'avais strictement rien à perdre et tout à gagner. En plus si le staff s'y trouvais, cela voulait dire que Valentin y serais surement ce qui m'arrangeait au cas où les « inconnus » me « terrorise » trop...Je lançais alors un nouveau merci tout en lui souriant, plaçant maintenant mes mains dans mes poches.

Nous avions apparement abordé tout les élèments important car elle ne dit plus rien. Je n'osais rien dire, ni bouger sentant son regard sur le miens, j'attendais en fait qu'elle me congédie... Au final, je soutenais sous regard pour la première fois depuis le début de la soirée et un sourire satisfait étira mes lèvres. Même si je ne le montrais pas vraiment , cette nouvelle vie qui s'offrait à moi me rendait extrèmement enthousiaste.

- Ce sera... tout? Enfin je veux dire je peux y aller où vous avez encore besoin de moi?

Je ris doucement je rentrais bien dans le rôle, je parlais même déjà de moi comme d'un objet dont elle pourrait avoir besoin ou non.